Magnifique et grand crochet Iatmul en provenance de la région du moyen Sepik.
Il est constitué de 2 poissons « kami », surmontés d’une tête de Janus et de deux oiseaux tenant au bout de leurs becs un médaillon où se trouve sculpté un papillon.
La base du crochet est constituée de figures géométriques en forme de vagues enrichies de pigments naturels blanc au-dessus desquels les poissons, très élancés, possèdent des coquillages Cauris à la place des yeux ainsi que des pigments blancs sur leurs têtes et leurs nageoires dorsales. La tête de Janus au nez pointu caractéristique est quant à elle décorée de pigments naturels sous forme de peintures traditionnelles autour des yeux, tous deux également remplacés par des cauris. Deux oiseaux sacrés de la société Iatmul, prenant appui de part et d’autre sur le front de la tête, sont aussi garnis de pigments blancs, de cauris et aussi de fibres naturelles pour imiter leurs plumages.
Enfin, un papillon au sommet de leur becs respectifs enrichi un peu plus la scène particulièrement harmonieuse et très bien sculptée.
Connus par les européens uniquement à la fin du 19e siècle, les tribus du fleuve Sepik se sont vite révélées comme très florissantes artistiquement, particulièrement dans la région marécageuse du moyen Sepik où les Iatmul, Sawos ou Chambri se côtoient. Peu après la découverte européenne, les Iatmuls ont fondé en amont, dans la région de Manambu, un nouveau village appelé Brugenoinoi près de Yambon, d’où provient ce crochet et où ils ont également exporté leur forme d’art.
Les tribus étaient habituées à vivre sur de très grandes étendues regroupant plusieurs hameaux pouvant facilement rassembler jusqu’à plus d’un millier de personnes et où chaque famille avait une place définie. A l’intérieur des maisons sur pilotis se trouvaient de larges tentes cylindriques pour se protéger des moustiques pendant la nuit et on pouvait aussi fréquemment trouver des crochets de suspension aux formes en règle générale assez simples mais très variées. Les crochets de suspension avaient pour fonction comme leur nom l’indique de suspendre des sacs de nourriture pour les préserver des insectes et des rongeurs.
A l’image de ce modèle, d’autres types de crochets pouvaient également être créés dans l’optique de représenter les ancêtres et/ou les êtres mythologiques. Ces crochets étaient conservés dans « la maison des hommes » où seuls les individus de sexe masculin et de surcroît initiés avaient le droit d’entrer afin d’être au contact des ancêtres à même de leur transmettre leur courage et leur force.
Ce crochet rituel a été collecté in situ dans les années 1970 à mi 1980 et a fait ensuite partie d’une ancienne collection privée situé en Californie. L’originalité de cette pièce qui est de très belle taille, tient à l’esthétique de la sculpture et la richesse du décor. Fort probablement créée dans les années 60-70, l’œuvre présente déjà une belle patine et a été bien conservée.
Œuvre accompagnée de son certificat d’authenticité de la galerie.
Littérature comparée :
Schuster, p. 72-73, 1970 ; Schefold, p. 30 et 47, 1966.